Population
et démographie
Au cours des siècles, la population de notre commune a eu tendance à augmenter, mais de nombreuses périodes de stagnation ou de régression ont été enregistrées par suite de calamités diverses (peste, choléra, famines, guerres, invasions multiples -les armées se ravitaillant toujours sur le terrain-), des conditions dhygiène et des conditions générales de vie. Il en résulte des situations dramatiques dont un exemple nous est fourni par une chronique dépoque dont voici un aperçu: |
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Depuis lan 1528 jusques à lan 1533, léconomie de ce bas monde fut tellement déréglée par le mauvais regard des astres, que neut été la durée inégale des jours, on neut pas su connaître dans quelle partie de lannée on vivait. Lété principalement dominait sur les 3 autres saisons et avait occupé leur place, même celle de lhiver, son contraire. Pendant 5 ans, il ny eut pas de gelée qui dura plus dun jour, mais une continuelle chaleur qui échauffait la terre au temps quelle doit se reposer pour se pétrir et se fermenter par le moyen du froid qui resserre les vapeurs dans son sein, énervait les forces génitales de la nature en la provoquant hors de son temps à la génération; si bien que lon voyait les arbres aussitôt quils se dépouillaient de leurs feuilles, repousser des fleurs volages qui sécoulaient sans donner de fruits. En outre cette chaleur immodérée fermentait et multipliait la vermine de la terre en telle quantité que le jeune et tendre germe de semence nétait pas sitôt hors du grain quil était rongé jusques au bout, dont il advint une extrême et pitoyable disette qui saugmentant dan en an consuma presque la quatrième partie de la France et de nos 17 provinces. Il ne fut possible jamais vu une longue et plus piteuse misère que celle-là. La faim, chassant les pauvres gens de leurs maisons, le nombre des mendiants saccrut de telle sorte que cétait chose presque impossible de leur subvenir et plus dangereuse de les endurer pour ce que remplissant indifféremment leur ventre de toutes sortes de choses même les plus vilaines et plusieurs coquins et méchants garnements se mêlant à eux pour piller les maisons, les villes craignaient den être infestées et pillées tout ensembles. A quoi les plus grandes ayant mis remèdes, les nécessiteux erraient à milliers par les autres plus petites, par les bourgs et par les villages. Les étables, les fumiers, les rues étaient pleines de ces malheureux, les uns décharnés, hâves et branlants sur leurs jambes, semblables à des fantômes de cimetière, les autres ayant la peau horriblement enflée et tendue, avec un visage jaunâtre et boursouflé; plusieurs couchaient par terre qui avaient perdu toute force de respirer, nayant plus ni mouvement, ni voix, et un tas de pauvres mères toutes transies, chargées de force petits enfants criant et demandant du pain, sur lesquels elles avaient les yeux piteusement attachés, sans avoir de quoi leur mettre à la bouche. On vit une chose pitoyable en Cambrésis au village de Clary. Gélic rapporte quune pauvre femme après avoir mangé tous les rats, limaçons, couleuvres et grenouilles quelle avait pu trouver, nayant plus de quoi contenter sa faim, fut forcée de détruire son semblable, détouffer son enfant dans le berceau et de se rassasier de sa chair; après lavoir mangé ne trouvant plus de remède pour se repaître, elle jeta sa rage sur son propre corps, coupa un de ses bras, afin de soulager ses douleurs sans espérance dune plus courte vie. Le même auteur récite que presque en même temps aux villages de ST. VAAST et de QUIÉVY en Cambrésis plusieurs hommes furent obligés de manger la chair de leurs compagnons quils avaient massacrés et quelques autres de faire leur aliment de la chose même quils nosaient regarder sans horreur et appréhension. Ce nest pas sans sujet que les philosophes appellent la famine le plus cruel et le dernier supplice du genre humain et quils la font beaucoup plus déplorable et lugubre que la peste, parce quelle nous oblige presque toujours à détruire notre semblable, quelle ne cherche la félicité que dans une mort horrible et quelle nous fait être aucunes fois nos sacrificateurs et nos hosties. Mais ce nest pas tout, de la mauvaise nourriture de glands, de racines, de fougères, dherbes et de vermine sengendra une nouvelle maladie inconnue des médecins qui était si contagieuse quelle saisissait incontinent quiconque approchait ceux qui en étaient frappés; elle portait avec soi une grosse sueur continue qui dépêchait son homme en peu dheures, doù elle fut dite "trousse-galand", que si quelquun en réchappait, elle lui arrachait tout le poil, et les ongles et lui laissait lespace de 6 semaines une langoureuse faiblesse, avec un si grand dégoût de toute viande quil ne pouvait rien avaler que par force. |
Histoire généalogique des Pays Bas ou Histoire de Cambrai et du Cambrésis par Jean le Carpentier (1664) (Leide), Tome I page 142. |
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Les premières données démographiques en notre possession ne remontent guère au-delà du 17ème siècle. A cette époque, la population totale du village pouvait être évaluée à 5 ou 600 habitants. Cette estimation est basée sur les relevés moyens suivants: - Les registres paroissiaux qui stipulent que davril 1606 au 31 octobre 1661, 927 enfants furent baptisés dans léglise de Quiévy, ce qui représente une moyenne annuelle de 17 baptêmes. - Vers 1730, une moyenne annuelle de 6 mariages et de 30 naissances a été enregistrée. Par contre, les données démographiques du début du 19ème siècle, par leur ampleur et leur précision, nous permettent, par exemple, de calculer que lespérance de vie moyenne dune personne était -les deux sexes confondus- de 43 ans. Il est intéressant également de remarquer quen moyenne les hommes se mariaient à 26 ans et les femmes à 24 ans ¼. Notons également que la majorité des familles avaient de nombreux enfants, couramment 8 à 10, mais que la mortalité infantile était très élevée, dautant plus que les épidémies étaient fréquentes. On note quen août et septembre 1846, il y eut 149 décès dont 76 denfants. De même, en août et septembre 1849, on enregistra 195 décès dont 98 denfants. Parallèlement, le taux de mortalité des parturientes était important et les veufs de première et de seconde noces nétaient pas lexception. Il était courant dentendre dire: "Une femme qui accouche a un pied dans la tombe." |
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Voici comment a évolué la population de notre commune depuis 1801 jusquà nos jours:
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Il est à noter la chute démographique importante entre 1911 et 1921, consécutive à la guerre 1914-1918. Depuis cette date, la baisse plus récente de la population de la commune, provoquée à la fois par le ralentissement puis la disparition des activités économiques de base, a eu pour conséquence lexode rural.
* Données mises à jour après le recensement de 1999 et ne figurant pas dans l'édition originale |
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Carte du Cambrésis en 1748 |
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