| Retour à l'accueil du site |

QUIEVY, quatre cent mille ans d'histoire...
d'après le livre de Francis BAUDUIN et Jacques WAXIN

Les origines

| La Préhistoire | L'époque féodale | La Renaissance |

 

La Préhistoire

En raison de sa situation dans une vallée aux versants boisés, jouissant d’un climat favorable à l’implantation humaine, le site du village a été occupé de façon permanente dès les premiers temps de l’humanité par des populations primitives dont l’existence s’est trouvée révélée par la découverte de nombreux vestiges, en particulier des bifaces très travaillés datant du paléolithique ancien (moins 3 à 400 000 ans).

 Au cinquième siècle de notre ère, une invasion de WENDES ou VANDALES et de GOTHS qui avaient forcé le passage du Rhin au cours de leur migration en masse vers l’ouest, amena une partie d’entre eux à se fixer dans la Gaule Belgique et à s’établir dans la région. Ces tribus, pillant pour vivre et massacrant la population qui leur résistait, étaient redoutées, c’est pourquoi certaines provinces, dont le Cambrésis, préfèrent leur accorder toute liberté d’implantation.

M. H. Boone, de Cambrai, dans une étude très contestée sur la formation ethnique du Cambrésis, rapporte que ces peuplades qui se sont fixées plus précisément dans la région de Saint-Aubert, Saint-Vaast, Saint-Hilaire, QUIÉVY, Briastre, Viesly et Neuvilly avaient une réputation tout à fait détestable auprès de leurs voisins qui tenaient ces habitants pour buveurs, sournois, et querelleurs. L’accusation n’est pas neuve puisqu’elle figure dans la CHANSON DE GESTE de Raoul de Cambrai au XIIIème siècle.

L’origine du nom de trois de ces villages, QUIÉVY, VIESLY et BRIASTRE peut être rapprochée du nom de trois villes d’Ukraine dont provenaient ces envahisseurs: KIEV, VIELIESZ, BRIEST. Cette interprétation est toutefois sujette à réserves de la part de certains érudits.

Il est à remarquer que "les patois" parlés en dehors des sept communes précédemment citées peuvent être transcrits aisément alors que la langue dialectale des sept villages concernés ne peut s’écrire que par l’usage d’un code traduisant les nombreuses triphtongues que l’on retrouve dans le langage courant ukrainien.

ex:

un seau d’eau (en FRANÇAIS)

un salé d’é (à CAUDRY)

un siau d’iau (en dialecte PICARD)

un siew d’iew (à QUIÉVY)

Le nom de notre village apparaît dans les textes pour la première fois en 1096 dans la CHARTE du TOURNOI d’ANCHIN, lors de la participation de Robert le Mire, fils de Watier, seigneur de Quiévy.

Au cours des périodes postérieures, le nom prit les différentes formes que voici: CHEVI, KEVI, KIEVIG, KIEUVIG, KEVI, KIEVY.

 Une seconde interprétation du nom le ferait provenir de deux mots latins: CAVA qui signifie cavée, chemin creux et VICUS, village, ce qui aurait donné "CAVEVICUS" à l’époque romaine, qui serait devenu ultérieurement CAVEAI, QUEVI puis KEVI, c’est à dire "le village du chemin creux".

L’époque féodale (1)

Il apparaît difficile de recueillir avec précision des éléments de l’histoire de notre localité antérieurement au XVIIème siècle. Toutefois, des chroniques cambrésiennes rapportent le nom d’un certain nombre de seigneurs de QUIÉVY parmi lesquels on peut relever : 

(1) cf. Jean le Carpentier, histoire de Cambrai et du Cambrésis, Leide, 1664

- Robert le Mire(2), précédemment cité, fils de Watier de Quiévy, duquel descendit, au 17ème siècle, Henri le Mire, Conseiller et Receveur Général des Droits de sa Majesté catholique le Roi d’Espagne.

Cette maison de Quiévy se fit connaître quelquefois sous les sobriquets de Bailliu, de Franc-homme, de Le Beau, de de Lattre et autres...

 - Guillaume de Quiévy qui en l’année 1199 assista à la donation de quelques bois et mancipes qu’avait fait Hugues de Croy à l’abbaye de Saint Denis, en présence de Bauduin, comte de Hainaut et empereur de Constantinople.

 A cette époque, on relève également les noms de Rasse de Quiévy, grand bailly du Cambrésis en l’an 1266 qui fut le père d’un autre Rasse dit de Lattre, chevalier allié avec Ermengarde de Sausoy (Saulzoir), de laquelle il eut Jean, Rasse et Guy de Quiévy dits de Lattre.

 Il y eut encore un Pierre de Quiévy, chevalier en l’an 1219, un Watier, chevalier en l’an 1239, des Estiennes de Quiévy en l’an 1300 et 1307, un Nicaise en l’an 1310, puis des Jacques, des Gérard, des Godefroi et autres qui se firent connaître par leurs libéralités dans toutes les églises du Cambrésis.

Une autre famille de seigneurs était celle de Jehennet Vivien (1273) et de Jean Vivien (1293), sires de Quiévy.

Notons encore qu’un fils puîné, Thierry, de la famille de la Hamaïde, comte du Hainaut, s’établit en 1334 dans le Cambrésis où il posséda la seigneurie de Preele (à Viesly) et épousa Agnès de Quiévy.

Enfin un seigneur, Guillaume le Merchier (Mercier), avant l’an 1200, épousa Guiste de Bantoux dont un fils s’allia avec Isabeau de Quiévy. De leur union, naquirent Guillaume, Pierre, Watier et Renaud le Mercier.

(2) Les armoiries de la maison le Mire se lisaient: d’azur à trois besans, miroirs ou reluisans d’argent. Il est à noter que le cry (cri) de ralliement des le Mire au cours des combats était "Quiévy".

La Renaissance
François de Quiévy, seigneur du Colombier
(3)  

Parmi les illustres seigneurs de Quiévy, l’un d’eux mérite une mention particulière en raison de la place qu’il occupa à la cour du roi François 1er où il fut premier maréchal des logis de Monseigneur le Dauphin de France, François (décédé en 1536). 

Le fait qu’il ait été enterré à Grez-sur-Loing où est décédée la Reine-mère Louise de Savoie semble indiquer qu’il resta attaché toute sa vie à la cour et à l’entourage du roi de France. 

Sa pierre tombale, d’une très belle facture, est encore aujourd’hui visible en l’église de Grez. Elle mesure 2,25 m de hauteur, 1,35 m de largeur et porte l’inscription suivante en minuscules gothiques:

(3) Nous tenons à exprimer notre gratitude et notre reconnaissance à M. Henri Corbeille, Inspecteur Départemental honoraire de l’Éducation Nationale, inventeur de la pierre tombale de François de Quiévy, pour l’aimable collaboration qu’il a bien voulu nous accorder.

Le dessin représente un chevalier en armes et sa femme, tous deux dans l’attitude de la prière. 

L’armure de François est recouverte d’une cotte armoriée portant aux 1 et 4, un oiseau; aux 2 et 3, des tourteaux, et, en chef, un lion issant. 

Les vêtements des personnages sont d’un style Renaissance parfait. Les visages, très expressifs, témoignent d’un profond recueillement.

Il paraît évident que le couple royal François 1er et Claude de France n’a pas choisi pour le dauphin un gentilhomme quelconque. D’ailleurs, la distinction du visage de François de Quiévy est confirmée par la noblesse de sa devise:

"RECTE VIVENS, NEMINEM METUES"
( Vivant droitement, ne crains personne. )

Pierre tombale de François de Quiévy et de son épouse Madeleine des Cartes
(Eglise de Grez-sur-Loing)

M. Corbeille estime que la qualité du dessin et le style de la gravure de la pierre inclineraient à penser qu’il n’est pas impossible que le peintre J. Clouet soit à l’origine de cette oeuvre. Ce dernier en effet, contemporain de François de Quiévy, était également attaché à la cour royale de Fontainebleau.

Cet illustre seigneur épousa, en 1522, Madeleine des Cartes, fille d’un gentilhomme de Blois. Il n’eut pour toute descendance qu’une fille, Anne de Quiévy, mariée le 15 octobre 1549 à Louis de Pampelune, d’origine navarraise. Postérieurement, on ne trouve trace que d’une Laurette de Quiévy qui fut marraine, à Grez, le 24 septembre 1607, et d’une Lucrèce de Quiévy qui, en 1618, porta déclaration au terrier de Moncourt du fief du Colombier. 

Il semble bien qu’en l’absence d’héritier mâle, la lignée de Quiévy se soit éteinte.

| Haut de page | Page précédente | Retour au sommaire | Page suivante |