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QUIEVY, quatre cent mille ans d'histoire...
d'après le livre de Francis BAUDUIN et Jacques WAXIN

Les phosphates de chaux de Quiévy(1)

 

Ils ont été découverts par Abel Lebreton Dulier(2). Ingénieur des Mines à Douai, ce dernier prospectait dans la région à la recherche de charbon, dans le prolongement éventuel de la veine carbonifère située au sud de Denain et déjà reconnue -en minces couches- jusqu’à Saint-Aubert.

La tradition rapporte que la population de Quiévy était fort intriguée de voir un "Monsieur" bien mis, portant chapeau, gratter la terre des talus du chemin de Valenciennes et goûter celle-ci d’un air dubitatif ! Les conclusions hâtives de certains ignorants les amenaient parfois à émettre des réserves sur le comportement d’un aussi étrange personnage.Ayant découvert la présence de phosphates, Abel Lebreton lança l’exploitation du site vers 1878.

Le principal lieu d’extraction se situait au chemin de Valenciennes, dans une concession reprise par M. Delattre de Lille et située après le riot de Pénival, sur le côté droit du chemin conduisant au lieu-dit Le Sénégal.

La veine de phosphate se situait entre 1 mètre et 6 mètres sous l’argile et au-dessus du calcaire. Elle avait en moyenne un demi-mètre d’épaisseur.

(1) Les phosphates, surtout les phosphates de chaux sont employés comme engrais pour augmenter le rendement de certaines terres.

(2) Abel Le Breton Dulier, né en 1813, est décédé à Auxerre en 1896. Il avait été le fondateur des Charbonnages de la Morinie et du Midi de l’Escarpelle. Il est enterré à Quiévy dans le caveau des Le Breton.

Le phosphate extrait était conduit par des wagonnets à l’usine qui se situait à proximité, sur la partie gauche de la route de Solesmes, après le pont dont il ne reste aujourd’hui que les murs latéraux.

Chauffé, séché, broyé et compacté en briques entreposées dans des hangars situés à gauche de la rue conduisant à la gare, le phosphate de chaux était expédié par chemin de fer.

L’exploitation, réalisée à l’origine par Lebreton puis par Delattre de Lille, fut cédée à une société Leclercq et Cie. puis transmise à M. Devaux, devenu maire de Viesly.

D’autres sites susceptibles de receler les précieux phosphates ont été "exploités" ou tout au moins explorés, notamment au Chemin du Bois et près d’Herpigny dans le chemin conduisant à Viesly. Malheureusement, le faible rendement ne permit pas une exploitation rentable, l’épaisseur de la couche étant réduite.

Le chantier découvert occupa de 20 à 30 terrassiers. Henri Grassart était contremaître, Casimir Mercier et Camille Dhen assuraient le transport des phosphates vers l’usine puis vers la gare.

En raison de la faible épaisseur du gisement, les frais étaient élevés surtout parce que les propriétaires du sol, exploitants agricoles, exigeaient une remise en état des terres pour une reprise sans délai de la culture. Par ailleurs, l’apparition sur le marché des phosphates de la Somme et surtout du Maroc, moins riches peut-être, mais nettement meilleur marché, conduisit à l’arrêt de l’exploitation vers les années 1905-1907.

 Il est important de préciser que c’est dans la base de la couche argileuse des premiers chantiers qu’ont été découverts de nombreux ossements et surtout des silex taillés, notamment de superbes bifaces qui ont été classés comme appartenant au type acheuléen. Ce sont les premiers silex taillés authentiques de cette époque découverts dans le département du Nord. Quelques uns de ces silex se trouvent répartis entre le musée de Lille et le musée archéologique de Douai.

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