Quelle heure est-il ?
Coutumes et traditions
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Jusque
vers les années 1930, il nexistait, au niveau
local, aucun moyen scientifique et technique permettant la
connaissance de lheure exacte. Chaque localité
vivait à lheure indiquée par
lhorloge municipale généralement
logée dans le clocher. Cette dernière
était dune précision toute relative de
sorte quentre les différentes communes voisines
les décalages et les disparités horaires
étaient monnaie courante. Certes, quelques paysans,
proches de la nature, étaient capables de
déterminer approximativement lheure à
partir de la position du soleil dans le ciel, et ceci
quelque soit la saison. Dautres se fiaient à
lombre portée des objets ou encore
étaient capables de lire lheure à partir
de cadrans solaires ou de gnomons. Mais chacun sait que
lheure solaire nest pas lheure
officielle. Déjà depuis la
fin du XIX ème siècle, les montres
étaient apparues, limitées dans leur usage en
raison du coût qui ne les mettait pas à la
portée de tous. Cependant ces objets utiles
manquaient incontestablement de la précision à
laquelle nous sommes à présent
habitués. Or, il faut bien se rendre
compte que la question de lheure était
dune importance primordiale à cause du nombre
considérable de personnes travaillant dans les
communes voisines et notamment à Caudry. Il nétait pas
rare que les décalages atteignissent 15 et même
20 minutes, ce qui était une préoccupation
constante pour le respect des horaires de
travail. Quune horloge
communale avançât et que celle du village
voisin retardât, cela amenait des situations cocasses
qui faisaient quun travailleur pouvait fort bien
être arrivé sur son lieu de travail avant
lheure de départ indiquée par le clocher
de sa commune ! Pour limiter limpact
de semblables inconvénients, périodiquement,
le garde champêtre de Quiévy se rendait en gare
de Caudry afin dy relever
"lheure
officielle" que les
chefs de gare se communiquaient régulièrement
par téléphone. Progressivement le cour des
campagnes françaises se mit ainsi à battre au
rythme de lheure de Paris. A
lépoque où les tisserands étaient
nombreux dans la commune, certaines coutumes typiquement
locales sétaient établies dans la
corporation. Les horaires de travail, bien que
chargés mais libres, permettaient dobserver
certaines habitudes traditionnelles qui prenaient vite
laspect de véritables rites. Cest ainsi
quà lheure du déjeuner, les
tisseurs en cave se regroupaient par quartier au pignon
dune maison afin de lier conversation tout en mangeant
habituellement, dans un morceau de pain rond
préalablement évidé, un oeuf battu
à l'aide du couteau. Dautres
préféraient un croûton analogue rempli
de fromage blanc assaisonné à lail et
à lestragon. Cette pause qui pouvait durer une
demi-heure permettait la diffusion des nouvelles,
léchange des idées et constituait une
détente appréciée par tous. Cette
relâche bienvenue pouvait parfois se renouveler
laprès-midi, cétait linstant
béni où certains roulaient une cigarette
tandis que dautres bourraient une pipe. Par les longues
soirées dété, assis sur les
marches dun perron ou sur une chaise, les voisins
avaient pour habitude de se retrouver après le repas
du soir afin de satisfaire leur besoin de
convivialité. Les conversations allaient bon train
qui avaient pour sujets les petits potins du village et les
commentaires sur les récoltes et sur le
temps. Quelles étaient
agréables ces soirées apaisantes qui
apportaient une détente appréciée
après une journée de rude labeur !
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