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QUIEVY, quatre cent mille ans d'histoire...
d'après le livre de Francis BAUDUIN et Jacques WAXIN

Quiévy, fief protestant
(1ère partie)

| Les origines | La Renaissance |

Un regard sur le passé de notre commune nous conduit inévitablement à l’étude et à l’analyse du "fait protestant". En effet au 18ème siècle, Quiévy est devenu le centre du protestantisme régional et cette prépondérance s’est maintenue jusqu’à une époque récente. 

 

Les origines 

Pour comprendre la soudaineté apparente et l’ampleur prise rapidement par la Réforme au XVIème siècle dans le Cambrésis, il est utile de faire un retour en arrière afin d’essayer de dégager dans quel état d’esprit se trouvait la population de notre région au moment de l’éclosion des idées réformées. 

Le christianisme s’était répandu dans le Cambrésis dès le Vème siècle. Une période de persécutions intenses s’en était suivie. Clovis, après sa conversion (496), s’était emparé de Cambrai, avait protégé la religion et l’on peut considérer qu’à l’époque de St Géry, mort en 625, le Cambrésis était entièrement christianisé. 

Cependant rapidement, l’Église vit se développer en son sein des protestations, des aspirations de certains contre les abus, et un désir de retour à la simplicité évangélique. 

Ces mouvements vont apparaître pendant tout le Moyen Age. Avec des variantes, il semble que tous ces "hérétiques" , comme on les appelait alors, rejetaient soit les saints, soit les sacrements, soit la hiérarchie ou le rituel de l’Église. L’écriture sainte était, en règle générale, la seule autorité et leurs préoccupations apparaissaient souvent d’ordre pratique et moral. 

L’hérésie trouva une audience très large parmi les tisseurs; le même fait se reproduira d’ailleurs à différentes époques, jusqu’aux 18 et 19èmes siècles. Le concile de Reims de 1157 "déjà ancien"constate que les sectaires sont de méprisables tisserands ! 

Les nombreuses communautés hérétiques avaient nom: Vaudois, Cathares, Manichéens, Ariens, Texerands (tisserands) etc... 

Il est intéressant de relever que si, au début, les hérétiques étaient des artisans, dès le 13ème siècle ils appartenaient à toutes les classes de la société. 

Naturellement, pendant toute cette période, il y eut de très nombreuses exécutions, généralement par le feu. L’Inquisition fut présente de 1232 à 1242 et se consacra furieusement à extirper l’hérésie. Les exécutions terribles et répétées frappèrent l’esprit de la population qui fut saisie de crainte. Les contestataires du Cambrésis semblent disparaître à cette époque. Le but était atteint et il faudra attendre le 15ème siècle pour enregistrer de nouvelles manifestations d’hérésie qui reprenaient les mêmes préventions à l’égard du pape, de la confession, la même incrédulité à l’égard de l’eau bénite, des signes de croix et des jeûnes obligatoires.

 

La Renaissance

Au 16ème siècle, la Renaissance, la traduction et l'impression de la Bible ont fourni les éléments nécessaires à la propagation des idées de la Réforme. Les hérésies prennent fin et l'on aborde l'histoire du Protestantisme.

Le Cambrésis, par sa position géographique, semble avoir été le point de jonction de trois courants:

- Lors de la signature de la Paix des Dames (1529), la noblesse du Cambrésis a été en contact avec les nombreux seigneurs protestants accompagnant Louise de Savoie.

- Les bourgeois et les marchands de Cambrai commerçaient avec les drapiers flamands installés à Tournai. Ces derniers se rendaient en Allemagne pour leurs affaires; ils rapportèrent des livres hérétiques et se firent les propagandistes des idées de Luther.

- Les tisserands des environs de Le Cateau qui, l'été venu, allaient "faire la moisson en France" furent en contact avec des ouvriers de la région de Meaux où la Réforme avait déjà pénétré.

Les idées nouvelles se répandirent très rapidement. Luther avait rompu définitivement avec l'Église par l'affichage de ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg; ceci se passait le 31 octobre 1517. Dès le 15 octobre 1530, les prévôts et les échevins de Cambrai prenaient l'arrêté suivant: "Nous, prévost et eschevins commandons que tous et quelconques personnes de quelque estat ou condition qu'ilz soient aians livres, papiers, escriptures brefves contenant des ditz et ensaignements erreurs de Martin Luter ou ses séquaces hérétiques les rapportent ou fachent raporter et remettre et par effect en dedans huyt jours prochain es mains de vénérables seigneurs ......... sous paine aux contrevenans pour la première fois d'estre publiquement fouester flattré et perpétuellement bannis ou aultrement arbitrairement et extraordinairement punis."

Malgré cela, en 1531, un homme criait sur la place publique de Cambrai son luthéranisme. De nombreux témoignages attestent de l'ampleur prise par les idées nouvelles. Le 16 mai 1562, on coupa la tête à un nommé Sohier pour avoir été 30 ans huguenot et "s'être présenté au nom de mille et plus qui souhaitaient pratiquer les doctrines luthériennes". A noter que Sohier aurait embrassé la Réforme en 1532, donc un an avant que Calvin fut exclu de la Sorbonne.

Philippe II, roi d'Espagne, décida d'extirper l'hérésie par la force. Le duc d'Albe fut le bras séculier qui se livra à une répression sauvage et sanglante. Beaucoup de ceux qui le purent émigrèrent vers la Hollande et l'Angleterre, mais ceux qui restèrent et demeurèrent fidèles à leur foi furent exterminés.

Jean le Carpentier, moine de St Aubert et contemporain de ces événements écrivait en 1664: "Il semble que l'on entre dans un pays d'anthropophages où l'on ne voit que des hommes traînés sur des claies, des bourreaux qui arrachent des entrailles, qui mettent des corps en quartiers et des membres humains dégouttant encore le sang, pendus aux plus visibles places des villes et des villages, comme les tapisseries de l'ancienne cruauté des plus barbares orientaux".

Il ne semble pas que Quiévy ait eu à subir de telles horreurs qui se trouvèrent circonscrites à Cambrai et surtout à Le Cateau et ses environs.

Rien ne permet d'affirmer que les idées de la Réforme soient apparues à cette époque à Quiévy. Cependant certains ont prétendu qu'il y avait déjà des protestants dans le village au temps de Fénelon, lequel aurait fait preuve d'une certaine tolérance à leur égard, comme envers tous ceux qui résidaient dans son diocèse.

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