Quiévy, fief protestant
(1ère partie)
| Les origines | La Renaissance |
Un
regard sur le passé de notre commune nous conduit
inévitablement à létude et
à lanalyse du "fait protestant". En effet au
18ème siècle, Quiévy est devenu le
centre du protestantisme régional et cette
prépondérance sest maintenue
jusquà une époque
récente. Pour comprendre la
soudaineté apparente et lampleur prise
rapidement par la Réforme au XVIème
siècle dans le Cambrésis, il est utile de
faire un retour en arrière afin dessayer de
dégager dans quel état desprit se
trouvait la population de notre région au moment de
léclosion des idées
réformées. Le christianisme
sétait répandu dans le Cambrésis
dès le Vème siècle. Une période
de persécutions intenses sen était
suivie. Clovis, après sa conversion (496),
sétait emparé de Cambrai, avait
protégé la religion et lon peut
considérer quà lépoque de
St Géry, mort en 625, le Cambrésis
était entièrement
christianisé. Cependant rapidement,
lÉglise vit se développer en son sein
des protestations, des aspirations de certains contre les
abus, et un désir de retour à la
simplicité
évangélique. Ces mouvements vont
apparaître pendant tout le Moyen Age. Avec des
variantes, il semble que tous ces "hérétiques"
, comme on les appelait alors, rejetaient soit les saints,
soit les sacrements, soit la hiérarchie ou le rituel
de lÉglise. Lécriture sainte
était, en règle générale, la
seule autorité et leurs préoccupations
apparaissaient souvent dordre pratique et
moral. Lhérésie
trouva une audience très large parmi les tisseurs; le
même fait se reproduira dailleurs à
différentes époques, jusquaux 18 et
19èmes siècles. Le concile de Reims de 1157
"déjà ancien"constate que les sectaires sont
de méprisables tisserands ! Les nombreuses
communautés hérétiques avaient nom:
Vaudois, Cathares, Manichéens, Ariens, Texerands
(tisserands) etc... Il est intéressant de
relever que si, au début, les
hérétiques étaient des artisans,
dès le 13ème siècle ils appartenaient
à toutes les classes de la
société. Naturellement, pendant toute
cette période, il y eut de très nombreuses
exécutions, généralement par le feu.
LInquisition fut présente de 1232 à 1242
et se consacra furieusement à extirper
lhérésie. Les exécutions
terribles et répétées frappèrent
lesprit de la population qui fut saisie de crainte.
Les contestataires du Cambrésis semblent
disparaître à cette époque. Le but
était atteint et il faudra attendre le 15ème
siècle pour enregistrer de nouvelles manifestations
dhérésie qui reprenaient les mêmes
préventions à légard du pape, de
la confession, la même incrédulité
à légard de leau bénite,
des signes de croix et des jeûnes
obligatoires. Au
16ème siècle, la Renaissance, la traduction et
l'impression de la Bible ont fourni les
éléments nécessaires à la
propagation des idées de la Réforme. Les
hérésies prennent fin et l'on aborde
l'histoire du Protestantisme. Le Cambrésis, par sa
position géographique, semble avoir été
le point de jonction de trois courants: - Lors de la signature de la
Paix des Dames (1529), la noblesse
du Cambrésis a été en contact avec les
nombreux seigneurs protestants accompagnant Louise de
Savoie. - Les
bourgeois
et les marchands
de Cambrai commerçaient avec les drapiers flamands
installés à Tournai. Ces derniers se rendaient
en Allemagne pour leurs affaires; ils rapportèrent
des livres hérétiques et se firent les
propagandistes des idées de Luther. - Les
tisserands
des environs de Le Cateau qui, l'été venu,
allaient "faire
la moisson en France"
furent en contact avec des ouvriers de la région de
Meaux où la Réforme avait déjà
pénétré. Les idées nouvelles
se répandirent très rapidement. Luther avait
rompu définitivement avec l'Église par
l'affichage de ses 95 thèses sur la porte de
l'église de Wittenberg; ceci se passait le 31 octobre
1517. Dès le 15 octobre 1530, les
prévôts et les échevins de Cambrai
prenaient l'arrêté suivant:
"Nous, prévost et
eschevins commandons que tous et quelconques personnes de
quelque estat ou condition qu'ilz soient aians livres,
papiers, escriptures brefves contenant des ditz et
ensaignements erreurs de Martin Luter ou ses séquaces
hérétiques les rapportent ou fachent raporter
et remettre et par effect en dedans huyt jours prochain es
mains de vénérables seigneurs ......... sous
paine aux contrevenans pour la première fois d'estre
publiquement fouester flattré et
perpétuellement bannis ou aultrement arbitrairement
et extraordinairement punis." Malgré cela, en 1531,
un homme criait sur la place publique de Cambrai son
luthéranisme. De nombreux témoignages
attestent de l'ampleur prise par les idées nouvelles.
Le 16 mai 1562, on coupa la tête à un
nommé Sohier pour avoir été 30 ans
huguenot et "s'être
présenté au nom de mille et plus qui
souhaitaient pratiquer les doctrines
luthériennes".
A noter que Sohier aurait embrassé la Réforme
en 1532, donc un an avant que Calvin fut exclu de la
Sorbonne. Philippe II, roi d'Espagne,
décida d'extirper l'hérésie par la
force. Le duc d'Albe fut le bras séculier qui se
livra à une répression sauvage et sanglante.
Beaucoup de ceux qui le purent émigrèrent vers
la Hollande et l'Angleterre, mais ceux qui restèrent
et demeurèrent fidèles à leur foi
furent exterminés. Jean le Carpentier, moine de
St Aubert et contemporain de ces événements
écrivait en 1664: "Il
semble que l'on entre dans un pays d'anthropophages
où l'on ne voit que des hommes traînés
sur des claies, des bourreaux qui arrachent des entrailles,
qui mettent des corps en quartiers et des membres humains
dégouttant encore le sang, pendus aux plus visibles
places des villes et des villages, comme les tapisseries de
l'ancienne cruauté des plus barbares
orientaux". Il ne semble pas que
Quiévy ait eu à subir de telles horreurs qui
se trouvèrent circonscrites à Cambrai et
surtout à Le Cateau et ses environs. Rien ne permet d'affirmer
que les idées de la Réforme soient apparues
à cette époque à Quiévy.
Cependant certains ont prétendu qu'il y avait
déjà des protestants dans le village au temps
de Fénelon, lequel aurait fait preuve d'une certaine
tolérance à leur égard, comme envers
tous ceux qui résidaient dans son
diocèse.
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