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QUIEVY, quatre cent mille ans d'histoire...
d'après le livre de Francis BAUDUIN et Jacques WAXIN

Quelques comptines, berceuses
et chansonnettes rustiques

| Une prière bien singulière |

 

Voici deux comptines chantées et parfois braillées par les enfants de Quiévy au début du siècle.

Joséphine

Joséphine al’é malate
A l’a bu trop d’limonate
Et ça y toorne sur le coeur
Tas d’voleurs !

 L’parapuie

Al’a perdu sin parapuie
Al’Tour Eiffel-le
Al’a perdu sin parapuie
Tin pïr’pour li
Al’a perdu la baleine de la baleine
Al’a perdu la baleine eud’sin faux cul

Quelques berceuses, comme celles-ci, dorment encore dans la mémoire des anciens.

Dodo

Dodo, dodinette
Eu’s’n’infai al’tête
Sin papa au cobaré
Y buvo des chopinettes.

Tiot poulot

Dodo min tiot poulot
S’maman al’é au bo
Al’li rapportra lidéra
Un-ne gross’totott’comme sin sabot.

Voici quelques chansonnettes rustiques qui raviveront peut-être certains souvenirs.

Kikain-ne(1)

As-tu vu Kikain-ne
Din l’éteüle à glain-nes
Qui gobo un oé
Avec Magabé.

 L’Sinfoué

Vlà l’Sinfoué vec sin fusiqu’
Ses deux bougies alleumun
Y crie " Vif la Républiqu’ !
Chanqu’cintimes eul’keuw’d’fusiqu’ "

 Les pran-nes

A mau Dégan-ne
Un cueull’les pran-nes
A mau Marie Robache
Un les ramass’
A mau Monabu
Un les distribue
A mau Séraphin
Unr’ço l’argint

 Eul’ bal

Un fé bal à mau Caramel
Eul’directeur c’é Boitelle
Y’a l’Corot qui ju d’eul’bass’
Un l’intin jusqu’à d’sus l’place
Y’a cam-me musiciens
Patate et Linlin.

 

(1)Kikain-ne était le tenancier du bureau de tabac.Il habitait à l’emplacement de l’ancienne coopérative c’est-à-dire à l’angle de l’actuelle rue Jean-Baptiste Lebas et du Chemin de Viesly.

A une époque où les passions politiques étaient ardentes, dans les années qui suivirent immédiatement la guerre 14-18, l’esprit de parodie se donnait souvent libre cours et reflétait la rivalité qui opposait les "Blancs" et les "Rouges".

Une élection législative opposait un candidat de gauche au représentant de la droite : Mr Deligne, de Clary.

Pour la circonstance fut écrite cette chansonnette qui pastiche allégrement un cantique catholique.

Ave Marie Stella
Deligne y’n’passra pas
Y’s’dit Républicain
Mé c’n’é qu’un calotin.
Ave Marie Stella
Deligne y’n’passra pas

Sur quoi, M. Deligne "passa" et devint même ministre des travaux publics.

Une prière bien singulière

Il existait, à Quiévy, un vannier dont le travail produisait des "mannes à facon", des "mannes à cuire" et des tamis.

Dans la cour attenant à la maison de ce brave artisan se dressait un gros noyer ("un gogueu" en patois de Quiévy).

Un jour cette arbre fut abattu. Le petit bois servit à l’allumage des foyers domestiques tandis que le tronc et les branches importantes étaient utilisés à la fabrication d’objets à usage ménager : des louches, des assiettes, des cuillers et des récipients divers.

Le propriétaire eut l’idée de tailler aussi dans le bois un crucifix que son épouse suspendit au mur de la chambre commune.

La brave et sainte femme ne manquait jamais, chaque soir, de dire ses prières avant son coucher. Agenouillée devant la croix, elle commençait invariablement la litanie de ses supplications par l’exortation suivante:

"Grai Diu d’nos gogueu
Frère eud’nos louche à peuw’ !
N’sus j’ou po t'mère
Et n'é-tu po min fiu ?
"(2)

...etc...suivait la prière

C’était là le témoignage candide d’une âme simple qui exprimait sa foi d’une manière naïve, innocente et poétique.

(2)Voici la traduction du prologue de cette prière :

Grand Dieu de notre noyer
Frère de notre louche (à pot)
Ne suis-je point ta mère
Et n'es-tu point mon fils?

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